Campagne d’Emploi : l’université sous le sceau de l’austérité

Campagne d’Emploi : l’université sous le sceau de l’austérité

COMPTE RENDU DU COMITE TECHNIQUE DU 19 NOVEMBRE 2021

Campagne d’emploi : l’université sous le sceau de l’austérité

La campagne d’emploi 2022 est marquée par l’austérité, le faible nombre d’ouverture de concours et le recours important aux ATER pour ce qui concerne les enseignants-chercheurs (voir le détail et comparaison avec années précédentes plus loin).

Les propositions soumises aux membres du comité technique étaient accompagnées d’une note culpabilisante comparant la situation de l’université de Poitiers à celle d’autres université de même typologie. Si la présidente a pris ces distances avec cette note en séance et dans sa communication ultérieure, on peut se demander jusqu’à quel point une telle note tient lieu d’aide à la décision.

La FSU a rappelé la situation nationale des universités et analysé en détail l’évolution des moyens dévolus aux universités publiques. La proposition est la traduction locale de la politique d’austérité nationale en particulier en affaiblissant l’emploi statutaire. Elle met à mal le service public, les conditions de travail de ses agent-es et les conditions d’études.

La FSU a voté contre la proposition.

La FSU a demandé qu’une motion soit votée en CA.

Elle se félicite du vote de cette motion le 17 décembre même si elle regrette qu’elle ne fasse pas mention de la nécessité de développer l’emploi statutaire.

La présidente a présenté la méthode : travail global enseignant-es (E)/enseignantes-chercheur-ses (EC)/BIATSS et tentative de mise en place d’une démarche pluriannuelle. Elle a également présenté le contexte financier général en particulier les mesures RH, locales et nationales – mais pas compensées – qui ont d’importantes conséquences sur la masse salariale (1,5 millions d’euros). La campagne d’emploi présentée maintiendrait le volume d’emploi général. La recherche ne serait pas considérée comme une variable d’ajustement. Il n’y a plus de délai de carence.

On retient pour cette campagne :

Concernant les postes des enseignant-es et enseignant-es chercheur-es :

- Pour les EC, 51 postes vacants (hors PAST) et 25 ouvertures de concours. Il y en avait 38 en 2019.

- Pour les PR, il y en avait 11 en 2019, 10 cette année.

- Pour les MCF, la chute est particulièrement marquée. On passe de 27 à 15 en 2 ans - il y en avait 14 l’année dernière.

- Parallèlement, l’ouverture de 21 postes ATER est proposée.

- Pour les Enseignant-es : 8 ouvertures de concours, il y en avait 17 en 2019.

Concernant les postes de BIATSS

Comme l’an dernier, La FSU a redemandé que :

- les membres du CTE soient pleinement associé-es à la campagne d’emploi, ce que la Présidente avait assuré vouloir l’année dernière. Or, les documents fournis étaient encore plus généraux cette année. Ils n’ont pas permis une analyse précise de ce qui se décide.

- l’emploi statutaire soit réaffirmé. Le recours aux emplois contractuels est encore trop important cette année.

- pour les concours ITRF, il soit clairement expliqué comment est prise la décision d’ouvrir un concours et de préciser quelles sont les ouvertures demandées. Ces demandes ne sont toujours pas entendues.

- les concours AENES soient plus importants. La situation est à peine meilleure, cette année

- les CDIsation soient transparentes. 3 critères sont énoncés (l’approche de la retraite, les CDI sur ressources propres et l’absence d’emploi type précis) mais aucune information n’était encore fournie pour savoir le nombre de personnes concernées ni même la ventilation des CDIsation sur ces ces 3 critères.

Par ailleurs, la FSU s’est étonnée de voir apparaitre des supports d’apprenti-es dans la campagne d’emploi. Cela n’est pas anodin puisque ce procédé permet de compenser certaines suppressions de postes.

La FSU a dénoncé le dévoiement du système.

La FSU a demandé un bilan du recours aux contrats de projet. Cette demande a été rejetée.

Intervention de la FSU en CTE 10/12

La campagne d’emploi est un moment structurant de la politique de l’université.

Vous nous avez présenté une note et des tableaux afin de partager votre analyse de la situation et faire vos propositions de répartitions des emplois. On apprécie que la note existe, des critères sont recherchés pour répartir les postes entre composantes. Nous notons donc la volonté de transparence auprès des directions de composantes pour justifier ces décisions. Nous ne rentrerons pas dans la comparaison des dotations des différentes composantes et services.

Nous notons l’ouverture de 5 BOE (bénéficiaires de l’obligation d’emploi), 3 en Enseignant-es et 2 BIATSS, malheureusement nous n’avons pas d’éléments de comparaison avec les années précédentes. En tous les cas, notre discussion du dernier CTE sur le schéma du handicap montre que ces efforts sont nécessaires.

Dans votre note sur laquelle est basée votre politique, vous comparez la situation de l’université de Poitiers à la moyenne des universités de même typologie (pluridisciplinaires avec santé). Vous en déduisez que :

L’établissement, par rapport aux autres universités de la typologie :

· est globalement bien dotée en personnel par rapport à son volume d’étudiants,

· est mieux dotée en personnel enseignant-es qu’en personnel BIATSS,

· couvre mieux ses missions permanentes par des titulaires,

· possède moins de catégorie A.

Écrire cette conclusion dans une note présente deux problèmes majeurs.

Le premier, c’est que ces moyennes ne sont en aucun cas des références, un modèle à atteindre. D’ailleurs en supprimant les maxima, nous contribueront encore à faire chuter ces moyennes ! Oui, l’université de Poitiers est probablement au-dessus des moyennes de la typologie car elle a fait le choix politique de maintenir l’emploi statutaire lors du mandat précédent. Nous avons soutenu ce choix. Nous nous en réjouissons.

Le deuxième problème est que la note occulte l’essentiel. Elle occulte l’évolution de la situation de l’UP. Et elle occulte la situation générale des universités dont celles de même typologie et leur évolution. Or cette situation est mauvaise, très mauvaise et elle se dégrade.

Depuis 2013, la dépense par étudiant à l’université recule de façon marquée (-12,6%) en raison d’une progression des effectifs (+10,2%) beaucoup plus rapide que la dépense totale (+1,2%)”. C’est un extrait d’une note de la DGRH.

Dans l’enseignement supérieur français, le niveau de dépense publique par étudiant connait une baisse tendancielle depuis les années 2010 particulièrement marquée à l’Université”

Le faible taux de réussite observé en licence et dans une moindre mesure en master à l’université…, est associé à un sous-investissement qui se traduit par des taux d’encadrement et un volume horaire faibles”. Conseil d’analyse économique, 1er décembre 2021.

En ce qui concerne les universités de même typologie, la FSU a analysé l’évolution du taux d’encadrement par les agents titulaires entre 2019 et 2021 et elle a également évalué l’évolution de la dotation pour charge de service public par étudiant. Le 1er passe de 9 à 8 en deux ans, le second de 7293 euros à 6540 euros. Donc ces moyennes qui servent de références chutent.

Si on examine l’évolution de la situation de l’université de Poitiers depuis 2018, votre document montre une augmentation de 5,5% du nombre d’étudiants depuis 2018 alors que le bilan social montre une faible baisse de 2% mais une baisse quand même des emplois titulaires. Ce n’est pas un ressenti c’est une réalité. Nous entendons la volonté de diminution des Heures complémentaires. Il y a probablement des marges de manœuvres, il y en a peu. Mais ce ne fera pas la balle.

Alors vous comprenez que dans cette situation connue de tous, il n’est pas possible de sous-entendre de manière presque culpabilisante qu’on s’en sort bien. Au contraire, en cette période il serait plus que nécessaire que toute la communauté se mobilise pour dire la réalité de notre situation et la fasse changer, c’est particulièrement vrai en cette période électorale. Nous ne doutons pas que l’équipe présidentielle défende les intérêts de l’université de Poitiers. Nous considérons affligeant que d’autres président-es se tournent contre les universités mieux dotées comme vous venez de nous l’affirmer. Il y a longtemps que le comportement et les positionnements des président-es des universités nous affligent. La CPU porte une lourde responsabilité dans la situation présente des universités.

Maintenant examinons les propositions faites aujourd’hui. Pour les E et EC. Pour les EC, on note 51 postes vacants (hors PAST) et 25 ouvertures de concours, il y en avait 38 en 2019. Pour les PR il y en avait 11 en 2019, 10 cette année. La chute est particulièrement marquée en MCF où on passe de 27 à 15 en 2 ans, il y en avait 14 l’année dernière. Parallèlement, vous proposez l’ouverture de 21 postes ATER. Il y a clairement une bascule de postes titulaires vers postes précaires (rappelons que les ATER ne bénéficient pas de l’équivalence 1hTD=1hTP).

Pour les E, en 2019, 17 ouvertures, cette année 8. Avec 3 redéploiements de E vers biatss. Il est évident que les manques sont partout dans toutes les catégories. Quand le nombre d’étudiants augmente, c’est une surcharge de travail pour la grande majorité des personnels. Nous ne sommes pas convaincues qu’en période d’augmentation du nombre d’étudiants ces redéploiements soient opportuns.

Nous écrivions l’année dernière : “Plus que jamais les services, les équipes pédagogiques et les laboratoires ont besoin d’emploi stable pour répondre à la situation éducative catastrophique.
…. elle souhaite un retour à la défense de l’emploi public statutaire. “

C’est toujours vrai

Il est probable que les universités ne disposent pas ou de peu de marges de manœuvre. Tout est fait pour, construit pour affaiblir le Service Public. De notre point de vue, la proposition est la traduction locale de la politique d’austérité nationale. Elle met à mal le Service Public, les conditions de travail. Nous voterons contre la proposition.