La campagne d’emploi est un moment structurant de la politique de l’université.
Vous nous avez présenté une note et des tableaux afin de partager votre analyse de la situation et faire vos propositions de répartitions des emplois. On apprécie que la note existe, des critères sont recherchés pour répartir les postes entre composantes. Nous notons donc la volonté de transparence auprès des directions de composantes pour justifier ces décisions. Nous ne rentrerons pas dans la comparaison des dotations des différentes composantes et services.
Nous notons l’ouverture de 5 BOE (bénéficiaires de l’obligation d’emploi), 3 en Enseignant-es et 2 BIATSS, malheureusement nous n’avons pas d’éléments de comparaison avec les années précédentes. En tous les cas, notre discussion du dernier CTE sur le schéma du handicap montre que ces efforts sont nécessaires.
Dans votre note sur laquelle est basée votre politique, vous comparez la situation de l’université de Poitiers à la moyenne des universités de même typologie (pluridisciplinaires avec santé). Vous en déduisez que :
L’établissement, par rapport aux autres universités de la typologie :
· est globalement bien dotée en personnel par rapport à son volume d’étudiants,
· est mieux dotée en personnel enseignant-es qu’en personnel BIATSS,
· couvre mieux ses missions permanentes par des titulaires,
· possède moins de catégorie A.
Écrire cette conclusion dans une note présente deux problèmes majeurs.
Le premier, c’est que ces moyennes ne sont en aucun cas des références, un modèle à atteindre. D’ailleurs en supprimant les maxima, nous contribueront encore à faire chuter ces moyennes ! Oui, l’université de Poitiers est probablement au-dessus des moyennes de la typologie car elle a fait le choix politique de maintenir l’emploi statutaire lors du mandat précédent. Nous avons soutenu ce choix. Nous nous en réjouissons.
Le deuxième problème est que la note occulte l’essentiel. Elle occulte l’évolution de la situation de l’UP. Et elle occulte la situation générale des universités dont celles de même typologie et leur évolution. Or cette situation est mauvaise, très mauvaise et elle se dégrade.
“Depuis 2013, la dépense par étudiant à l’université recule de façon marquée (-12,6%) en raison d’une progression des effectifs (+10,2%) beaucoup plus rapide que la dépense totale (+1,2%)”. C’est un extrait d’une note de la DGRH.
“Dans l’enseignement supérieur français, le niveau de dépense publique par étudiant connait une baisse tendancielle depuis les années 2010 particulièrement marquée à l’Université”
Le faible taux de réussite observé en licence et dans une moindre mesure en master à l’université…, est associé à un sous-investissement qui se traduit par des taux d’encadrement et un volume horaire faibles”. Conseil d’analyse économique, 1er décembre 2021.
En ce qui concerne les universités de même typologie, la FSU a analysé l’évolution du taux d’encadrement par les agents titulaires entre 2019 et 2021 et elle a également évalué l’évolution de la dotation pour charge de service public par étudiant. Le 1er passe de 9 à 8 en deux ans, le second de 7293 euros à 6540 euros. Donc ces moyennes qui servent de références chutent.
Si on examine l’évolution de la situation de l’université de Poitiers depuis 2018, votre document montre une augmentation de 5,5% du nombre d’étudiants depuis 2018 alors que le bilan social montre une faible baisse de 2% mais une baisse quand même des emplois titulaires. Ce n’est pas un ressenti c’est une réalité. Nous entendons la volonté de diminution des Heures complémentaires. Il y a probablement des marges de manœuvres, il y en a peu. Mais ce ne fera pas la balle.
Alors vous comprenez que dans cette situation connue de tous, il n’est pas possible de sous-entendre de manière presque culpabilisante qu’on s’en sort bien. Au contraire, en cette période il serait plus que nécessaire que toute la communauté se mobilise pour dire la réalité de notre situation et la fasse changer, c’est particulièrement vrai en cette période électorale. Nous ne doutons pas que l’équipe présidentielle défende les intérêts de l’université de Poitiers. Nous considérons affligeant que d’autres président-es se tournent contre les universités mieux dotées comme vous venez de nous l’affirmer. Il y a longtemps que le comportement et les positionnements des président-es des universités nous affligent. La CPU porte une lourde responsabilité dans la situation présente des universités.
Maintenant examinons les propositions faites aujourd’hui. Pour les E et EC. Pour les EC, on note 51 postes vacants (hors PAST) et 25 ouvertures de concours, il y en avait 38 en 2019. Pour les PR il y en avait 11 en 2019, 10 cette année. La chute est particulièrement marquée en MCF où on passe de 27 à 15 en 2 ans, il y en avait 14 l’année dernière. Parallèlement, vous proposez l’ouverture de 21 postes ATER. Il y a clairement une bascule de postes titulaires vers postes précaires (rappelons que les ATER ne bénéficient pas de l’équivalence 1hTD=1hTP).
Pour les E, en 2019, 17 ouvertures, cette année 8. Avec 3 redéploiements de E vers biatss. Il est évident que les manques sont partout dans toutes les catégories. Quand le nombre d’étudiants augmente, c’est une surcharge de travail pour la grande majorité des personnels. Nous ne sommes pas convaincues qu’en période d’augmentation du nombre d’étudiants ces redéploiements soient opportuns.
Nous écrivions l’année dernière : “Plus que jamais les services, les équipes pédagogiques et les laboratoires ont besoin d’emploi stable pour répondre à la situation éducative catastrophique.
…. elle souhaite un retour à la défense de l’emploi public statutaire. “
C’est toujours vrai
Il est probable que les universités ne disposent pas ou de peu de marges de manœuvre. Tout est fait pour, construit pour affaiblir le Service Public. De notre point de vue, la proposition est la traduction locale de la politique d’austérité nationale. Elle met à mal le Service Public, les conditions de travail. Nous voterons contre la proposition.